Nous sommes réveillés de manière insolite à 5h00 du matin par des bêlements de moutons !
L'environnement étant très calme, nous nous rendormons finalement jusqu'à 8h00. Nous avons passé une bonne nuit dans notre confortable chalet. Durant le petit-déjeuner, nous constatons que le temps ne s'est pas franchement amélioré depuis hier... Le ciel est couvert et il ne fait pas très chaud (9°C).
Pour démarrer la journée, nous nous rendons à pied sur la plage de Reynisfjara distante de seulement 300m. Nous constatons que le parking est désormais aménagé et payant. Vu la fréquentation du lieu, nos amis islandais ont flairé le bon filon !
Ce matin, la mer est agitée et de gros rouleaux viennent s'échouer sur la plage de sable noir.
Sous ce ciel gris, les aiguilles rocheuses de Reynisdrangar composent un paysage monochrome. Nous restons une dizaine de minutes sur la plage avant de rebrousser chemin car nous préférons garder nos souvenirs (et photos) sous le soleil que nous avions eu 6 ans plus tôt.
La petite colonie de macareux est toujours présente sur la falaise de colonnes basaltiques bordant la plage. Ayant juste emporté mon objectif 16-80mm, le zoom est un peu léger pour réaliser de beaux clichés de ces adorables perroquets de mer.
Après avoir chargé la voiture, nous prenons la route vers Vík í Mýrdal pour faire le plein d’essence. J'en profite pour refaire la pression des pneus car l'ordinateur de bord indique que l'arrière droit est un peu dégonflé. Nous empruntons de nouveau la route 1, qui est très fréquentée ce matin, pour rejoindre la ville de Kirkjubæjarklaustur avant de nous engager sur la piste F206 en direction du Laki. Mais la météo devient de plus en plus maussade, au point que nous nous interrogeons sur notre destination du jour...
Après 1h de route, nous arrivons sur la piste F206 et décidons de nous arrêter aux gorges de Fjaðrárgljúfur que nous avions visitées depuis le bas en 2017. Cette fois, nous allons pouvoir les admirer depuis le haut. Mais en arrivant sur le petit parking, surprise !
Celui-ci est devenu payant ! Un panneau nous invite à régler la modique somme de 1000 IKS soit 6,50€, toujours via l'application Parka.app. C’est ridicule : le parking est minuscule, nous sommes en bordure de piste et il n'y a aucune infrastructure. Pour la première fois, nous décidons de ne pas payer.
Avant de sortir, nous revêtons nos habits de pluie car le crachin et le vent froid traversent nos pantalons…
Arrivés sur la plateforme, il y a un monde fou et il faut jouer des coudes pour arriver à prendre une photo ! Il faut dire que c’est l’un des endroits les plus touristiques du sud de l’Islande car très facile d’accès. Malgré le temps maussade, ces gorges restent très impressionnantes et photogéniques.
Nous nous imaginions passer un peu plus de temps sur place mais la foule et le froid ont eu raison de nous ! Nous ne traînons pas et rejoignons le parking au pas de course. Arrivés dans la voiture, c’est chauffage à fond !
Nous empruntons finalement la piste F206 pour rejoindre le secteur du Laki, avec l'espoir de dépasser la couche de nuages bas en prenant de l'altitude. Mais au bout d'une dizaine de kilomètres, nous nous retrouvons en plein brouillard et le crachin s'est transformé en pluie ! Nous décidons de rebrousser chemin et de décaler cette visite à un jour où la météo sera plus propice...
Heureusement, nous avions pointé de nombreux sites à visiter sur la côte sud qui feront d'excellents plans B ! Nous commençons par revenir à Kirkjubæjarklaustur pour nous rendre à Stjórnarfoss, une jolie petite cascade située aux abords d’un camping pittoresque mais très spartiate.
La cascade est nichée au fond d'une petite vallée, entourée de hautes falaises de lave solidifiée. Le débit étant assez faible, la chute s'immisce dans une crevasse formant un étonnant X. Généralement, son débit est plus important et dessine un superbe éventail se déversant dans la vasque aux reflets bleutés.
Il est 14h00, nous commençons à avoir faim. Nous improvisons un pique-nique dans la voiture, depuis le parking situé face à la cascade. Nous en profitons pour réserver un hébergement pour ce soir. Initialement, nous devions camper mais, au vu de la météo, nous préférons dormir au chaud et au sec ! Nous trouvons une cabane très sympa située dans une ferme équestre près de Hvolsvöllur.
Après manger, nous reprenons la route 1 en direction de Vík. Au bout de 60km, nous bifurquons sur une piste en direction de Hjörleifshöfði, une énorme montagne solitaire dominant le désert de Mýrdalssandur. Avec ses 220 mètres d'altitude et ses parois abruptes qui tranchent avec les alentours totalement plats, on la repère de loin !
Sur place, il y a quelques voitures car l'endroit est devenu populaire ces dernières années pour sa grotte appelée Gígjagjá.
Elle est surnommée la grotte Yoda en raison de la forme de son ouverture qui se découpe à la lumière du jour. Une fois à l'intérieur, la ressemblance avec le mythique personnage de Star Wars est frappante ! Bonne idée il nous a pris de venir ici ^^
Nous prenons quelques clichés puis nous repartons car il n'y a rien d'autre à voir. Pour la prochaine visite, nous allons nous aventurer en dehors de spots touristiques de la côte sud.
En préparant ce voyage, nous avions vu de fascinants clichés d'une grotte de glace naturelle, nichée au cœur d'un glacier recouvert de cendres volcaniques. Connue sous le nom de Katla Ice Cave, elle est proposée en excursion par plusieurs opérateurs locaux à un prix typiquement islandais : 200€/pers. pour 3h d'excursion dont 1h30 de trajet A/R... Tenant absolument à visiter ce lieu hors du commun, nous nous sommes mis en quête d'organiser la visite par nos propres moyens. Pour ce faire, oubliez Google car tous les sites web mentionnant ce lieu ramènent vers des tours opérateurs. Finalement, c'est en consultant une carte satellite détaillée de l'Islande que j'ai réussi à trouver le chemin d'accès !
Katla Ice Cave se situe sur le glacier Kötlujökull, la plus grande des langues glaciaires découlant de l'immense calotte du Mýrdalsjökull. Pour y accéder, nous reprenons la route 1 et au bout de 1.3km, nous tournons à droite pour nous engager sur une piste étroite bordée de lupins réduisant considérablement la visibilité. A un moment donné, alors que nous roulons à un bon 50km/h, nous tombons nez-à-nez avec un énorme 4x4 de tourisme. J'ai juste le temps de monter sur les freins pour éviter la collision ! Mine étonnée du chauffeur de voir des touristes ici, avec leur voiture de location ^^ Après 7.5km de quasi ligne droite, nous tournons à gauche et quittons la végétation pour nous retrouver au beau milieu du Mýrdalssandur, un immense désert de sable noir situé à l'est de Vík. Nous poursuivons la piste en contournant par la gauche le mont Hafursey et au bout de 8km, après un passage à gué facile, nous arrivons sur un parking avec le glacier en toile de fond.
Sur place, il y a une dizaine de véhicules 4x4 aux dimensions XXL appartenant aux tours opérateurs. Nous sommes la seule voiture à être arrivée ici en autonomie ! Pourtant, la piste est facile et ne comporte pas de difficultés majeures si ce n'est qu'il n'y a aucune indication sur la direction à suivre.
Il bruine toujours donc nous nous habillons en conséquence et commençons à suivre le chemin, devancés par un groupe de touristes casqués, prêts pour leur expédition glaciaire. Plusieurs ponts à la construction sommaire, ont été installés pour franchir les torrents s'écoulant du glacier.
Le paysage que nous découvrons est réellement incroyable et nous donne la sensation d'évoluer sur une autre planète ! La cendre volcanique des anciennes éruptions recouvre absolument tout et compose un paysage en monochromie.
Détachée du glacier, une immense pyramide de glace se dresse face à nous
Nous découvrons le front glaciaire semblable à une chaîne de montagnes hérissée de sombres pics. D'ici, il est impossible d'en saisir l'ampleur mais le Kötlujökull s'étend sur une longueur de 13km et sa largeur dépasse les 6km !
Pour nous approcher davantage, nous devons nous frayer un chemin à travers la myriade de ruisseaux s'écoulant du glacier. Le sol, constitué de sable et de graviers, est piégeur. Parfois, nous marchons sans nous en rendre compte sur de la glace recouverte de cendre. Je me fais surprendre en traversant un ruisseau et me retrouve avec les chaussures enfoncées dans la boue jusqu'en haut des chevilles !
Quelle incroyable sensation d'immensité lorsqu'on se retrouve aux pieds de ces géants de glace... Contrairement à nos glaciers alpins dont le recul rend l'accès de plus en plus difficile, il est encore possible de vivre ce genre d'expérience en Islande.
Nous décidons ensuite d'aller voir la fameuse grotte de glace qui constitue le principal attrait touristique du lieu. Pour atteindre son entrée, nous longeons le front du glacier strié de noir.
Le chemin à suivre est assez facile avec une corde qui permet de s'assurer tout le long. Heureusement que la glace est recouverte de cendre sinon, il nous aurait fallu des crampons !
Nous découvrons enfin la fameuse grotte de glace naturelle du Kötlujökull. Elle s'apparente davantage à un tunnel mais sa taille est vraiment impressionnante ! Formée par un ruisseau drainant les eaux de fonte du glacier, elle s'élargit peu à peu jusqu'au jour où sa voute sera trop fine et s'effondrera.
Nous décidons sagement de ne pas poursuivre l'exploration car la suite du chemin est taillée dans la glace or, nous ne sommes pas équipés de crampons ni de casques. De plus, cela ne serait pas respectueux vis-à-vis des touristes ayant payé leur excursion 200€/pers... Nous nous contentons donc de ce point de vue puis nous rebroussons chemin.
La rivière traversant la grotte creuse petit à petit un véritable canyon dans le glacier.
De retour à la voiture à 17h00, nous nous sentons vraiment privilégiés d'avoir pu explorer ce lieu méconnu en toute autonomie. Une belle découverte qui mériterait une seconde visite sous un temps dégagé, avec casques et crampons. D'ailleurs, côté météo ça ne s'arrange pas. La bruine est toujours présente et les nuages sont de plus en plus bas, enveloppant les sommets environnants.
Nous revenons sur Vík í Mýrdal où nous nous arrêtons prendre une boisson chaude dans une cafétéria. Lorsque nous reprenons la voiture, le voyant d’alerte de pression des pneus se rallume. C'est encore notre pneu arrière droit qui est à 1.8 bar alors que les autres sont à 2.5 bar. Nous devons avoir une crevaison lente sur cette roue... Rien de grave mais je profite d'avoir un gonfleur sur place pour refaire une nouvelle fois la pression et laver la voiture.
Direction ensuite l'ouest via la route 1 pour rallier notre hébergement situé à côté de Hvolsvöllur. Au bout de 20min de route, le voyant du pneu se rallume et s’affole : la pression est en train de dégringoler ! Nous pensons d’abord qu'il s'agit d'un bug de l'ordinateur de bord mais lorsque j'ouvre la vitre, nous entendons un très fort "Pchiiiiiiiit"...
Par chance, nous sommes au niveau de l’intersection entre la route 1 et la route menant au glacier Sólheimajökull où il y a un dégagement. Nous nous arrêtons immédiatement et découvrons notre pneu arrière droit complètement à plat ! Nous devions avoir quelque chose de planté dedans et le fait de refaire la pression a dû expulser l'objet. Nous faisons le tour de la voiture et nous nous apercevons que les 4 pneus sont quasiment sur le témoin d’usure. Nous étions tellement concentrés sur les soucis de la tente de toit lorsque nous avons changé de voiture que nous avons oublié de vérifier l’état des pneus. Erreur…
Je sors le cric pour changer la roue, je le place sous le bas de caisse comme il est d'usage et je tourne, tourne, tourne,... Sauf qu'avec l'importante garde au sol, la roue ne se soulève pas. Pourtant, le cric est à sa hauteur maximale ! Nous visionnons un tuto sur YouTube pour ce type de véhicule dans lequel la personne place le cric directement sous le bras de suspension arrière. Je fais de même mais au bout de quelques tours, la frêle manivelle du cric se tort complètement ! Impossible de soulever ce tank de 2,5 tonnes...
Sans solution, nous appelons notre loueur Geysir qui nous demande d'envoyer des photos de la roue via What’sApp. La personne de Geysir ne comprend pas pourquoi nous ne parvenons pas à soulever la voiture et nous conseille de réessayer avant d’appeler l’assistance. Après une nouvelle tentative infructueuse, nous n’avons pas d’autre choix que d’appeler 24 Road Assistance.
Et là, l’islandais est bien organisé : nous recevons un premier lien par What'sApp nous demandant notre immatriculation, nos coordonnées GPS ainsi qu'un paiement de 12 500 ISK (85€) afin que notre dossier soit pris en charge. Nous recevons ensuite un second lien pour demander l’envoi d’une assistance et là, heureusement que nous sommes assis… On nous demande de régler 79 200 ISK (520€) pour changer une roue ! La pilule a du mal à passer mais nous n’avons pas d’autre choix que de payer… Il est déjà 20h30, il fait froid et nous sommes un samedi soir.
30min plus tard, une camionnette se gare à côté de nous. En sort un homme au physique purement islandais : très grand, barbu, chauve, avec des yeux très clairs. Dès le début, il se montre très sympathique et souriant. Il soulève la voiture en 2 temps 3 mouvements avec son cric de garage et nous confirme qu'avec notre matériel, la tâche est quasiment impossible. Il essaie de réparer le pneu mais s’aperçoit qu’il est totalement mort, des bulles s’échappent d'une dizaine de petits trous ! Il met en place la roue de secours mais problème : nous avons d'autres pistes de prévues dans les jours à venir dont certaines assez difficiles. Or, en cas de nouvelle crevaison, nous n’avons plus de roue de secours… Nous lui faisons part de nos inquiétudes et il nous invite à le suivre jusqu’à son garage situé à 15km de là.
Après 10min de recherche, il trouve un pneu presque similaire (265/65 R17) pour mettre sur notre roue de secours. Nous achetons le pneu à un prix très raisonnable : 145€ avec le montage et l'équilibrage. Il nous conseille vivement de nous faire rembourser par le loueur car ce n’est pas normal de louer une voiture avec des pneus dans un tel état d'usure. Il ajoute que si Geysir refuse, nous pouvons le contacter afin qu'il nous appuie car il a travaillé pour eux dans le passé. Sympa !
Nous remercions notre sauveur islandais pour son aide et sa gentillesse, puis nous prenons la route pour rejoindre notre hébergement. Entretemps, Nella a envoyé un message à notre hôte pour la prévenir de notre arrivée tardive.
Il est 22h00 passés lorsque nous arrivons dans un haras où les propriétaires ont installé 3 chalets au fond de leur terrain. Problème : nous n’avons pas reçu le code du keylocker. Heureusement, la maison de nos hôtes est encore allumée. Nous sonnons à la porte et une dame ouvre, méfiante. Nous lui expliquons que nous avons réservé un chalet pour la nuit mais que nous n'avons pas reçu de code pour récupérer les clés. Nous comprenons qu’elle n’a pas reçu notre message l'informant de notre arrivée tardive et après lui avoir expliqué nos péripéties, elle nous donne enfin le code pour accéder à notre chalet.
La petite cabane tout en lambris est très mignonne, récente, avec une cuisine aménagée.
Le temps de préparer le repas, nous mangeons à 22h30. Extinction des feux à minuit au terme d'une journée éprouvante !
Hekla Adventures
Situés à 5km de Hvolsvöllur, ces adorables petits chalets sont situés au beau milieu d'une ferme équestre isolée et entourée de pâturages. L'équipement du chalet est on ne peut plus complet avec une cuisine entièrement équipée, un canapé confortable, une chambre séparée avec un lit double et une salle de bain avec douche. L'intérieur, tout en bois, fait très cosy et les larges baies vitrées apportent beaucoup de luminosité. En résumé, une excellente adresse située à proximité de la route 1 et de nombreuses pistes (F210, F261, F249).
Pour plus d'infos : Hekla Adventures
Distance totale : 327 km dont 65 km sur piste
Plage de Reynisfjara
Canyon de Fjaðrárgljúfur
Cascade de Stjórnarfoss
Mont Hjörleifshöfði & sa grotte Gígjagjá
Glacier Kötlujökull