Réveil à 7h30 après une nuit compliquée, non pas à cause du froid mais à cause de l'occupant d'une tente voisine... En effet, vers 3h00 du matin, un ronflement semblable à un grognement de sanglier s'est fait entendre. Et cela n'a pas cessé jusqu'au petit matin ! Je l'entendais même à travers mes boules Quies, c'est dire si les ronflements étaient forts ! A plusieurs reprises, Seb a craqué et a adressé quelques noms d'oiseaux au serial ronfleur... Une tente de français proche de la nôtre a d'ailleurs renchérit. Bref, gros fou rire du fond de nos sacs de couchage !
Après 3h de sommeil, le réveil est assez difficile... Ce matin, il fait 5°C donc nous nous habillons chaudement pour sortir de la tente.
Après un passage aux sanitaires à l'heure de pointe, nous improvisons un petit-déjeuner à l'arrière du Duster. Tournée générale de boisson chaude pour se réchauffer ! Ensuite, démontage de la tente et rangement du matériel.
A 10h00, nous nous élançons vers Bláhnúkur surnommée "la montagne bleue". Culminant à 950m, son sommet offre, paraît-il, une vue à 360°C sur tout le massif. Une bonne grimpette nous attend !
Le début de l'ascension n'est pas de tout repos puisqu'il nous faut remonter une pente sablonneuse couleur bleu/vert.
De l'autre côté de la coulée de lave se dévoile Brennisteinsalda. Ce volcan, à l'incroyable palette de couleurs, est emblématique du massif du Landmannalaugar. A ses pieds se trouve une solfatare que nous découvrirons tout à l'heure.
A mesure que nous prenons de l'altitude, le paysage se fait de plus en plus spectaculaire. D'autant que le soleil nous accompagne !
Le sommet de Bláhnúkur se rapproche, nous sommes à mi-chemin !
L'activité volcanique, combinée à une érosion permanente, a créé un paysage entrecoupé de profondes vallées.
Sous ce soleil, les couleurs de Brennisteinsalda se font plus éclatantes. Quel contraste par rapport à notre montagne grisâtre !
Malgré la courte nuit que nous avons passé, nous montons à un bon rythme. A croire que notre soif d'exploration nous donne des ailes ^^
Nous atteignons le sommet au terme d'un dernier effort. Il nous aura fallu 1h00 pour gravir les 450m de dénivelé entre le camping et le sommet de la montagne bleue.
Depuis ce promontoire, nous jouissons d'un panorama incroyable sur le massif du Landmannalaugar et ses montagnes multicolores si caractéristiques.
D'ici, nous avons une vue imprenable sur l'énorme coulée de lave émanant du volcan Brennisteinsalda. Nous sommes véritablement scotchés par la beauté naturelle de ce paysage !
Après 1/4h de contemplation, nous quittons le sommet très venteux. Entre-temps, le ciel s'est quelque peu couvert.
Dans les ravines humides se développe une sorte de mousse d'un vert presque fluorescent.
Malgré l'été déjà bien avancé, des névés sont encore présents. Il faut dire qu'en ces lieux reculés, les températures ne sont jamais bien élevées et la neige commence à tomber dès septembre.
Le chemin nous amène ensuite jusqu’à cette vallée escarpée aux couleurs pastel. Pour un peu, on se croirait devant une aquarelle grandeur nature ! Des fumerolles nous rappellent que malgré la beauté de ces lieux, le magma n'est pas loin sous nos pieds...
Lorsque le soleil refait son apparition, les couleurs explosent littéralement et le paysage vire au sublime...
Je ne peux résister à l'envie d'immortaliser Seb au milieu de ce champ de mousse. Notez que les parties fluo de son sac à dos sont exactement de la même couleur que le sol, incroyable !
Nous traversons prudemment ce névé en espérant que la couche de neige soit encore assez solide pour supporter notre poids !
Nous nous sentons réellement privilégiés de pouvoir randonner dans de tels décors... Surtout quand la météo est aussi clémente !
Pour descendre, nous empruntons un itinéraire bis (voir même ter) car le chemin a disparu. La prudence est de mise car nous sommes sur une pente à pic où les cailloux se dérobent sous nos pieds !
Mission accomplie ! Nous avons regagné la vallée sans chuter, traversé la rivière sans mouiller nos chaussures et trouvé le spot idéal pour un encas au bord de la coulée de lave ! A l’abri du vent et avec le soleil qui tape sur la roche noire, il fait presque chaud. Nous tombons même les polaires pour finir en T-shirts : ça mérite une photo !
Face à nous se dresse Bláhnúkur que nous venons de gravir. Difficile de lui trouver une nuance de bleu sous cet angle...
Nous nous remettons en chemin en direction de Brennisteinsalda afin d'atteindre la solfatare située à ses pieds. Pour cela, nous traversons le champ de lave constitué majoritairement d'obsidienne, une roche volcanique qui s'apparente à du verre noir. Ce n'est pas sans nous rappeler le Panum Crater, un petit volcan que nous avions exploré en Californie.
La solfatare dégage de gros panaches de vapeur à la forte odeur de soufre. L'endroit est hyper-touristique, à croire que tous les visiteurs du Landmannalaugar se sont donnés rendez-vous ici !
C'est donc les narines bien dégagées que nous poursuivons notre chemin vers des horizons moins fréquentés.
Nous longeons le champ de lave puis arrivons sur une large plaine constellée de petits plumeaux semblables à du coton. Un vrai havre de paix dans cet univers minéral.
Au détour du chemin, nous découvrons ce petit lac bleu entouré de blocs de lave pétrifiée.
Nous sommes de retour au camp à 14h00 au terme d'une magnifique randonnée de 9km environ. Nous aurions aimé pousser l'exploration un peu plus loin mais le programme de la journée est chargé !
Pour quitter le camping, nous devons franchir à nouveau le gué de la veille. Avec ce genre de véhicule, ça ne doit pas poser de problème !
Nous reprenons la piste F208 vers le nord sur quelques kilomètres, puis nous bifurquons à droite pour une ascension du Ljótipollur. Pour y accéder, nous empruntons une piste qui grimpe à pic sur le flanc du volcan. Seb cramponne le volant du Duster car le sol en tôle ondulée ne facilite pas l’ascension !
Au sommet, il règne un vent assez dingue. Nous profitons d'être les seuls visiteurs sur place pour improviser un pique-nique. Quel panorama pour une pause casse-croûte !
Nous marchons ensuite au bord du cratère du Ljotipollur pour en saisir toute l’immensité.
Ce cratère géant est né à la suite d'une éruption en 1477. Ses falaises rouge sang et son eau d'un bleu profond, donnent une ambiance toute particulière à ces lieux. Nous nous contentons d'une courte marche car le tour fait plus de 5km !
Il est déjà 16h00 lorsque nous nous élançons sur la célèbre F208 dont nous avons découvert la partie nord la veille. Aujourd'hui, nous allons parcourir la partie sud pour rejoindre la côte sud de l'île. 70km de piste et de nombreux gués nous attendent : c'est parti !
Difficile de ne pas s'arrêter toutes les 5min tant les paysages traversés sont photogéniques.
Rapidement, nous arrivons devant un 1er passage à gué. Peu profond et sans courant, c'est une formalité pour notre véhicule !
C'est encore plus parlant en vidéo !
Certaines zones plus humides sont tapissées de mousse d'un vert phosphorescent. Bienvenue sur une autre planète !
Les passages à gué se succèdent... toujours sans encombre pour le moment !
Conduire sur cette piste est un réel plaisir ! L'Islande grandiose et sauvage que nous étions venus chercher, est bel et bien ici.
Nous marquons ensuite un arrêt sur une sorte de belvédère où la vue porte jusqu’à l'océan, distant d'environ 50km. Bonne nouvelle, le ciel est parfaitement dégagé sur la côte sud. C'est de bonne augure pour notre seconde nuit sous la tente prévue ce soir !
Peu après, nous traversons l'Eldgjá, littéralement "la gorge de feu". Cette fissure éruptive de 8km de long pour 300m de profondeur, engendra en 934 une éruption qui dura 6 ans et déversa de la lave sur plus de 780km² ! Aujourd'hui, l'endroit est nettement plus calme et renferme la spectaculaire cascade d'Ófærufoss. Pour s'y rendre, 2 solutions : marcher durant 5km au cœur de la faille ou emprunter une piste menant à un point de vue. Étant donné l'heure tardive (18h15), nous choisissons la seconde option.
Voici un aperçu de la très humide piste qui permet de s'y rendre !
Un Suzuki Grand Vitara nous précède et nous attend après chaque traversée de gué. Sympa ! Cela permet, en cas de problème, de pouvoir s'aider mutuellement.
Nous arrivons ensuite face à cette rivière. Septiques, nous descendons de la voiture pour analyser l'obstacle à franchir.
Très vite, nous comprenons qu'il faut s'engager dans le lit de la rivière puis remonter celle-ci sur une centaine de mètres à contre-courant pour rejoindre la piste située... sur l'autre rive ! Seb jette une pierre pour jauger la profondeur de l'eau mais le gros "plouf" ne nous rassure pas !
Nos compagnons de route, un couple de jeunes allemands, nous expliquent qu'il s'agit de leur second voyage en Islande. D'après eux, ça devrait passer ! L'avantage est que nos véhicules ont le même gabarit donc si le Grand Vitara passe, le Duster passera ! Je filme leur traversée d'un œil inquiet...
C'est maintenant à notre tour ! Seb, confiant suite à cette démonstration, s'engage dans la rivière. J'avoue ne pas être aussi sereine, d'autant que si la voiture reste coincée dans le gué, on peut dire adieu à notre caution ! Voir l'eau monter le long des portières est assez impressionnant mais au final, ça passe ! Merci aux allemands car, sans eux, nous n'aurions jamais tenté cette traversée !
Après quelques minutes de route, nous arrivons au point de vue sur la faille Eldgjá et la cascade Ófærufoss. Quel spectacle !
Autrefois, Ófærufoss était ornée d'une arche naturelle qui enjambait la seconde chute. Mais celle-ci s'est effondrée en 1993 à la suite d'un séisme. Il subsiste quelques clichés que vous pouvez voir ici.
Nous reprenons ensuite la piste pour revenir sur la F208. Après avoir retraversé les 3 gués, nos amis allemands nous font signe de nous arrêter. Et pour cause, notre plaque d'immatriculation est en train de se détacher ! Cela arrive souvent lors des passages de gué car les plaques islandaises ne sont pas rivetées. Nous comprenons alors pourquoi de nombreux véhicules ont leur numéro de plaque inscrit sur une feuille, elle-même scotchée à l'intérieur du pare-brise. Par précaution, nous la retirons pour éviter de la perdre !
Un peu plus loin, nous longeons une rivière qui serpente au milieu d'un champ de lave. Un arrêt photo s'impose, d'autant que la lumière est particulièrement belle à cette heure.
La dernière partie de la piste est plus roulante et le relief s’aplanit. Nous rejoignons ensuite la route 1 et, avec elle, l'asphalte ! Après 2 jours de nids de poule, nous sommes soulagés de retrouver une route tranquille ! Lorsque nous arrivons au camping de Vik à 20h45, le ciel est dégagé et il n'y a pas de vent. Chose assez rare pour être signalée !
Nous nous rendons ensuite à l'accueil où nous réglons 2600 ISK (20€) pour la nuit. La partie du camping réservée aux tentes est déjà bondée de monde : pas question de retomber sur un ronfleur comme la nuit dernière ! Nous choisissons donc de nous installer sur le grand terrain réservé aux vans. Une fois la tente montée, direction la douche. Soyons honnêtes, les sanitaires de ce camping sont minables ! Seules 4 douches pour 200 campeurs, séparées par un rideau offrant une intimité plus que relative... Quant à l'eau chaude, ne comptez pas dessus aux heures de pointes ! Précisons aussi que les quelques lavabos servent également à faire la vaisselle. Quand on vous dit glauque... Pour finir, la salle commune sous-dimensionnée est blindée de campeurs qui préparent leur repas. Bref, nous préférons aller cuisiner à côté de notre tente et manger au chaud dans le Duster.
Dominant le camping, la silhouette de l'église de Vik se découpe sur fond de lueur crépusculaire.
Confortablement emmitouflés dans nos duvets, nous nous endormons vers minuit, bercés par le bruit du ressac de l'océan tout proche.
Distance parcourue : 142km
Distance parcourue sur piste : 85km
Sunrise : 04h53
Sunset : 21h43
Camping de Vík í Mýrdal
Situé sur la très prisée côte sud islandaise, le camping de Vik est une option de secours lorsque tous les autres hébergements du secteur sont complets. Généralement venteux de part sa position face à l'océan, il n'offre que peu de protection. Ses infrastructures sont vieillissantes et sous-dimensionnés mais la douche est gracieusement offerte ! Espérons que le nouveau bâtiment en construction remplace le bloc sanitaire d'une autre époque... Point positif, le grand terrain pour installer sa tente au calme.
Prix : 10€/personne douche (froide) comprise Pas de réservation, paiement sur place