Réveil à 8h00 au River Crossing Lodge après une nuit réparatrice. L'absence de décalage horaire est particulièrement agréable car il permet de démarrer le séjour en pleine forme. En revanche, la température extérieure est étonnamment basse avec 8°C seulement. Bien que ce soit l’hiver austral, nous ne nous attendions pas à un tel froid ! Ce sera l’une des premières découvertes du voyage : en Namibie, même les lodges haut de gamme ne sont pas équipés de chauffage.
La vue depuis notre chambre reste spectaculaire, difficile de s’en lasser…
À 9h00, nous rejoignons la salle de restaurant pour le petit-déjeuner.


Ce dernier est proposé sous la forme d'un généreux buffet : œufs, bacon, saucisses, pains, viennoiseries... Tous les ingrédients d'un petit-déjeuner germanique traditionnel ! Seul le jus de goyave apporte une touche d'exotisme.
À 10h00, nous retournons à la réception pour tenter d’obtenir des nouvelles de notre bagage manquant. La réceptionniste, toujours aussi prévenante, a contacté l’aéroport de Johannesburg. Malheureusement, aucune trace de la valise pour l’instant. Nous saurons à 14h00 si elle a été embarquée sur le vol à destination de Windhoek. En attendant, elle nous propose de garder notre cottage jusqu’à 14h00, sans frais supplémentaires. Nous sommes touchés par ce geste et la remercions pour sa gentillesse.
Deux options s'offrent à nous :
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Prendre la route dès maintenant pour la réserve Intu Africa Kalahari où nous avons prévu de vivre notre premier safari en fin de journée. Si la valise est retrouvée, nous demanderons à l’hôtel de la faire livrer directement à notre prochain hébergement.
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Patienter jusqu’à 14h00 et en profiter pour acheter des vêtements et produits d’hygiène pour Seb. Si la valise est localisée, nous pourrons la récupérer à l’aéroport avant de débuter notre road trip. Et si ce n’est pas le cas, Seb aura au moins l’essentiel pour poursuivre le voyage sereinement.
Nous optons pour la seconde option — un choix qui, avec le recul, s’avérera des plus judicieux.
Nous profitons de ce temps libre pour nous balader autour du lodge et nous imprégner de l’atmosphère paisible des lieux. Seb lance le drone pour réaliser des vues aériennes du River Crossing Lodge et de ses environs.

Au détour d'un sentier, je manque de marcher sur un énorme insecte au physique improbable. Il s'agit d'un criquet à armure, une espèce répandue en Afrique australe. Impressionnant par sa taille et son comportement, il est inoffensif pour l'homme mais peut se nourrir de proies bien plus grosses telles que des oisillons. Il peut même devenir cannibale si la nourriture vient à manquer ! Le criquet à armure utilise une technique de défense étonnante : l’auto-hémorrhée, qui consiste à projeter du sang sur ses prédateurs pour les effrayer.
Nous décidons de le laisser tranquille et passons notre chemin...

En poursuivant notre balade, nous apercevons un groupe d'inséparables rosegorge perché dans un arbre. Ces oiseaux, souvent élevés en captivité, sont originaires d’Afrique australe. Quel bonheur de les voir en liberté !

En revenant au cottage, nous entendons un grand bruit. Un petit oiseau, rouge et gris, gît au pied de la baie vitrée. Il s’est assommé, sans doute surpris par le reflet. Nous le mettons à l'abri le temps qu'il reprenne ses esprits. Après recherche, il s'agit d'un Astrild à moustaches.

Nous prenons ensuite la route en direction du Superspar Maerua. Ce supermarché, nous l’avions repéré en amont, et lors de la récupération de notre véhicule, le loueur nous avait confirmé que le parking était relativement sûr.
À notre arrivée, le parking est bondé. Un homme en gilet jaune nous fait signe et nous guide jusqu’à une place qu’il a astucieusement réservée en y plaçant un caddie. Suivant les conseils du loueur, nous lui demandons de garder un œil sur notre voiture pendant nos courses.
Cette grande surface est moderne, spacieuse et remarquablement bien achalandée — nous sommes surpris d’y retrouver autant de marques françaises telles que Nivea, Côte d’Or, et bien d’autres encore. Nous y trouvons tout ce dont nous avons besoin.
De retour sur le parking, nous faisons un rapide tour de notre Ford Ranger — tout est en ordre. En guise de remerciement, nous glissons un billet de 10 dollars namibiens à notre gardien. Prochaine étape : le Maerua Mall qui se trouve à deux rues d'ici. Nous espérons trouver dans cet immense centre commercial de quoi rhabiller Seb en attendant que sa valise soit retrouvée.
Après avoir garé notre voiture dans le parking souterrain, nous empruntons un escalator qui nous amène directement dans la galerie. Lorsque nous arrivons en haut, nous restons bouche bée : le centre commercial est vaste, lumineux, impeccablement entretenu — digne des plus grands malls de la région parisienne. Boutiques modernes, enseignes internationales, restaurants animés et groupe de musique qui joue en live. Difficile de croire que nous sommes en Namibie ! Seb repère rapidement des marques familières comme Under Armor et achète quelques t-shirts. C’est finalement dans une enseigne locale, aux allures de Galeries Lafayette, que nous trouverons tout ce qu’il faut. Nous allons pouvoir prendre la route avec sérénité.
A 13h30, nous sommes de retour au River Crossing Lodge. La réceptionniste rappelle l'aéroport et c'est la douche froide : la valise reste introuvable. L’employée nous assure qu’elle continuera à contacter l’aéroport après notre départ et nous enverra un mail dès qu’elle aura des nouvelles. Cette bienveillance nous touche profondément.
À 14h30, nous prenons enfin la route en direction de la réserve Intu Afrika Kalahari située à 250 km. Ça y est, le road trip peut enfin commencer ! Pour la navigation, nous avons choisi de nous laisser guider par Google Maps en enregistrant tous nos points de chute au préalable. L’outil s’est révélé fiable, même pour les pistes confidentielles, et nous a permis d’aborder chaque étape sereinement.
La première partie du trajet se fait sur la route B1, l'un des principaux axes routiers du pays. Cette belle route asphaltée traverse de magnifiques paysages, bordée de collines dorées et d'une végétation clairsemée.

Nous faisons une halte dans une station-service Shell au niveau de Rehoboth pour faire le plein. Le loueur nous avait mis en garde contre une pratique malheureusement répandue : certains pompistes, profitant d’un moment d’inattention, commencent à remplir le réservoir… puis détournent une partie du carburant dans un jerricane. Je précise au pompiste que nous possédons un double réservoir et reste avec lui pour m'assurer que tout se passe bien.
Notre conseil : à chaque plein, descendez du véhicule ou jetez un œil dans votre rétroviseur pour éviter les mauvaises surprises.
Au bout de 190 km, nous quittons l’asphalte pour emprunter notre première piste namibienne : la M45. Le changement de décor est immédiat, avec un bush omniprésent, parsemé d’acacias et de hautes herbes dorées. À notre grande surprise, la piste est large et bien entretenue. De véritables boulevards de gravier, où la vitesse est limitée à 100 km/h — loin de l’image que l’on pourrait se faire des pistes africaines.

Nous profitons de l’absence totale de circulation pour immortaliser notre Ford Ranger dans ce décor sauvage.

La piste traverse les paysages arides du désert du Kalahari. Elle alterne entre zones de bush clairsemé et longues dunes de sable orange.
En chemin, nous croisons plusieurs arbres aux branches alourdies par d’énormes nids suspendus. Intrigués, nous nous arrêtons pour les observer de plus près.

Soudain, un minuscule oiseau surgit, virevolte quelques instants puis disparaît sous le nid par une ouverture discrète. Il s'agit d'un Républicain social — un passereau endémique du Kalahari. Ces nids comptent parmi les plus grandes structures construites par des oiseaux, et peuvent atteindre jusqu'à 4 m de haut et 7 m de long. Les plus gros nids peuvent accueillir jusqu'à 500 oiseaux !

Après 42 km, nous bifurquons sur la piste D1268. Les voitures se font rares et seuls quelques namibiens marchent le long des bas-côtés, ramassant du bois qu’ils revendront ensuite au bord de la route. Ce bois, précieux dans ces régions semi-arides, alimente une tradition d'Afrique australe : le braai (barbecue en afrikans).
Il est 17h40 lorsque nous arrivons aux portes du Intu Afrika Kalahari. Il était temps : le soleil décline rapidement or, conduire de nuit est fortement déconseillé car les pistes deviennent piégeuses et la faune peut surgir à tout moment. Un gardien nous accueille, nous demande notre voucher, puis saisit son talkie-walkie pour vérifier notre réservation auprès de la réception. Après quelques minutes de suspense, la réceptionniste confirme que nous sommes attendus. Le portail s’ouvre et nous pénétrons dans la réserve de 10 000 hectares, soulagés et impatients. Tout au long du séjour, nous devrons nous soumettre à des contrôles d’accès, parfois rapides, parfois plus minutieux, à l’entrée de chaque lodge. Pourquoi tant de précautions, nous demanderez-vous ? La réponse est simple : ces lodges sont nichés au cœur de réserves naturelles, où évoluent une faune abondante et précieuse. Ce patrimoine vivant attire malheureusement les convoitises… et les braconniers.

La réserve Intu Afrika Kalahari abrite trois lodges : le Suricate Tented Camp, le Camelthorn Kalahari Lodge et le Zebra Kalahari Lodge. C’est dans ce dernier que nous avons réservé — le plus luxueux des trois, mais aussi le plus reculé, niché au cœur de la réserve. Pour y parvenir, nous empruntons une piste sablonneuse nécessitant un véhicule 4x4. En cette fin de journée, la lumière rasante apporte une touche dorée à la savane.
Après une vingtaine de minutes de piste, le lodge se dévoile enfin, comme une oasis au milieu du désert. Deux employés nous accueillent avec le sourire : l’un s’occupe de nos valises, pendant que l’autre nous tend des jus de fruits frais.
Arrivés à la réception, on nous présente les activités proposées par le lodge : un safari dans la réserve privée, une randonnée en quad à travers les dunes, une marche guidée avec les bushmen pour découvrir leur mode de vie ancestral, et un dîner au sommet des dunes pour admirer le coucher de soleil. Malheureusement, nous arrivons trop tard pour le dîner et nous n'aurons pas le temps de faire le safari le lendemain car nous avons beaucoup de route. Tant pis, nous aurons d'autres occasions durant le séjour.
Une fois le check-in terminé, un employé nous conduit jusqu'à un bungalow en toit de chaume rattaché au bâtiment principal.


Notre bungalow comprend une vaste chambre, une salle de bain ainsi qu'une douche extérieure. Une fois encore, la décoration est pensée avec goût, jusqu’aux zèbres délicatement brodés sur les draps.



Nous arrivons juste à temps pour admirer les derniers rayons du soleil. Le ciel s’embrase doucement et l’instant est magique… mais teinté de frustration. Les contretemps liés à la valise nous ont fait perdre de précieuses heures, et nous regrettons de ne pas avoir pu profiter pleinement de cette première soirée dans le Kalahari.

Nous rejoignons ensuite la salle commune pour nous réchauffer autour du brasero. L’ambiance est douce et conviviale : quelques voyageurs lisent en silence, d’autres sirotent un verre en contemplant les flammes. Puis vient l’heure du dîner. Nous nous installons sur la terrasse, où chaque table est éclairée par une lampe à pétrole, diffusant une lumière tamisée et chaleureuse. L'air est frais, nous enfilons une veste.
Comme la veille, il s'agit d'un menu unique où seul le plat comporte deux choix. Nous commençons par déguster une délicieuse soupe de légumes qui a le mérite de nous réchauffer ! Nous enchaînons ensuite avec un pavé d'oryx délicieusement grillé au barbecue, le tout arrosé d'un Cabernet Sauvignon d'Afrique du Sud. Au dessert, nous dégustons un brownie recouvert d'une crème chantilly maison. Les plats sont fins, goûtus, et la présentation est soignée. Une fois encore, nous sommes bluffés par la qualité de la cuisine proposée.
Après le dîner, nous retournons dans la salle commune pour profiter du WiFi et donner des nouvelles à nos familles. De retour dans notre bungalow, une surprise nous attend : des bouillottes bien chaudes ont été glissées dans les draps. Une attention bienvenue car la nuit promet d'être fraîche...

Zebra Kahalari Lodge – Intu Afrika Private Reserve
Le Zebra Kalahari Lodge est situé au cœur du désert du Kalahari, au cœur d'une étendue de dunes orangées. Il propose 16 chambres spacieuses, décorées avec raffinement dans un style africain traditionnel. Chacune est équipée d'une climatisation, d’un mini-bar, d’un sèche-cheveux et d’un plateau de courtoisie avec thé et café. Les salles de bain incluent une douche extérieure, idéale en été. Le séjour comprend le dîner, la nuit et le petit-déjeuner. Les repas sont préparés avec des produits locaux et sont servis sur une terrasse surplombant un point d’eau fréquenté par les animaux. Le lodge propose plusieurs activités telles que des safaris, des randonnées en quad, des marches avec les Bushmen, et des dîners dans les dunes au coucher du soleil. Le service est attentionné, parfois même un peu trop : certaines attentions semblent moins dictées par l’hospitalité que par l’espoir d’un pourboire.
Réservation ici : Intu Afrika Kalahari Reserve & Lodges
Distance parcourue : 274 km dont 70 km sur piste



