Réveil au Zebra Kalahari Lodge à 7h00. Dehors, il fait encore sombre, l'aube commence à peine à éclaircir le ciel. En cette saison hivernale, le soleil se lève tard et les températures sont plutôt frisquettes. Nous nous préparons tranquillement puis enfilons nos polaires pour affronter la fraîcheur matinale.
Direction les parties communes pour y prendre le petit-déjeuner.



Nous choisissons de nous installer sur la terrasse pour profiter de la lumière matinale sur la savane. Seules deux tables sont occupées car la majorité des touristes a pris part à l'activité avec les Bushmen. A notre grande surprise, la rencontre se déroule dans l'enceinte du lodge. On peut même apercevoir et entendre le groupe à une centaine de mètres entre les arbres ! Avec le recul, nous avons bien fait de ne pas réserver cette activité qui ressemble d'avantage à une attraction touristique qu'à une véritable immersion culturelle...
A l'intérieur, le buffet est bien achalandé et très appétissant. Une employée prépare des plats à la demande et nous sert les boissons chaudes.
Dehors, un vent fort commence à se lever. Mieux vaut ne pas trop traîner, sous peine de voir nos tartines saupoudrées façon désert du Kalahari !

Une fois le repas terminé, nous décidons de flâner dans les parties communes du lodge. L’atmosphère est paisible, chaque recoin est une invitation à la détente comme ce petit patio extérieur où l’on peut observer les oiseaux venir s’abreuver au point d’eau.

Direction ensuite l’entrée du lodge par laquelle nous sommes arrivés la veille.

La décoration, résolument africaine, est tout simplement splendide : entièrement façonnée en bois brut, elle mêle avec élégance sculptures d’animaux et masques tribaux XXL qui semblent veiller sur les lieux.

Nous achevons notre visite par la pièce commune où nous avons pris un verre la veille. Ce vaste espace, ouvert sur l’extérieur, respire la convivialité. Au centre, le brasero crépite, diffusant une chaleur réconfortante.

Lorsque nous revenons au bungalow, un petit oiseau au plumage particulièrement coloré nous observe depuis le haut de la cheminée. Il s’agit d’un rollier à longs brins.

Alors que nous rassemblons nos affaires, nous sursautons en découvrant un employé en train de nous observer à travers la porte vitrée. Il finit par toquer, nous demandant si nous avons besoin d’aide pour porter nos valises. Nous le remercions mais déclinons poliment sa proposition, préférant nous débrouiller seuls.
Ce sera le seul bémol de notre séjour au Zebra Kalahari Lodge. Le cadre est somptueux, les prestations irréprochables, la cuisine savoureuse… mais le personnel, bien que souriant et serviable, se montre parfois trop intrusif. La veille déjà, alors que nous évoquions nos soucis de bagages, ce même employé s’était immiscé dans notre conversation sans y avoir été invité.
Bien entendu, nous sommes conscients des réalités économiques locales et nous n’avons aucun mal à laisser un pourboire — bien au contraire, nous le faisons avec plaisir lorsque l’attention est sincère. Mais ici, au Zebra Lodge, ce zèle appuyé contraste avec la discrétion rencontrée ailleurs durant notre voyage.
Nous rendons les clés à 9h30 puis nous nous engageons sur la piste, profitant d’un dernier tour dans la réserve pour observer le paysage et la faune.
Très vite, la chance nous sourit : nous apercevons nos premières antilopes ! Ce sont des springboks, une espèce endémique d'Afrique australe réputée pour être le second animal terrestre le plus rapide du continent avec 88km/h en pointe !

Quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois au loin ce qui semble être des troncs d’arbres blanchâtres… jusqu’à ce qu’ils se mettent à bouger ! Ce ne sont pas des arbres mais... des girafes ! Elles sont douze au total, grandes et petites, en train de brouter tranquillement les feuilles des acacias. Elles sont à la fois majestueuses, calmes et tellement mignonnes ! Nous restons là un long moment, pleinement conscients de la chance que nous avons d’assister à cette scène de vie animale.



La chance nous sourit à nouveau lorsque ce petit canidé surgit juste devant nous. A mi-chemin entre le renard et le chacal, il s'agit d'un otocyon ou renard à oreilles de chauve-souris. Nous avons juste le temps de le photographier avant qu'il ne disparaisse dans les hautes herbes.

Impossible de le rater avec de telles oreilles !

Un peu plus loin, perché sur un arbre, nous apercevons un calao — le fameux Zazu du Roi Lion ! Ce toucan africain arbore un plumage nettement plus sobre que son alter ego haut en couleur dans le dessin animé de Disney.

Cette réserve, nichée au cœur du Kalahari, est d’une beauté saisissante avec ses dunes de sable orangé et ses touffes d’herbes sèches. Nous regrettons de ne pas pouvoir y consacrer plus de temps pour un safari digne de ce nom.


Tapie derrière un buisson, une silhouette nous observe : c’est un cobe à croissant. Cette élégante antilope tire son nom du croissant blanc visible au-dessus de sa queue. Elle n'est pas naturellement présente en Namibie mais certaines réserves aiment enrichir leur faune avec des espèces provenant des pays voisins.

Nous quittons la réserve Intu Afrika Kalahari à 10h30, heureux d'avoir rencontré autant d'animaux en si peu de kilomètres !

Nous prenons la route vers Keetmanshoop située à quelques 300 kilomètres de là. Tandis que nous roulons sur la piste, mon regard est attiré par une haute silhouette derrière un grillage. Seb freine doucement, intrigué, et nous découvrons alors un hippotrague noir.

Au bout de 45 km, nous quittons la piste D1268 et retrouvons la C20. Une dizaine de kilomètres plus loin, nous voici de retour sur la route B1 que nous allons suivre une grande partie de la journée.
Sur cette portion interminable, nous traversons un paysage résolument plat, ponctué de quelques touffes de végétation éparse. Nous doublons de nombreux camions sur cet axe majeur, et chaque dépassement nous offre sa petite dose de stress. D’abord, il faut doubler par la droite, ce qui n’est pas dans nos habitudes. Mais ce qui déstabilise le plus, c’est la vitesse : avec une limitation à 120 km/h, les véhicules en face déboulent à vive allure malgré l'étroitesse des voies. Ici, le moindre écart de conduite peut être fatal !
Ajoutons à cela le vent, déjà bien présent ce matin, qui s’est transformé en véritable tempête soulevant régulièrement d’épais nuages de poussière qui traversent la route.

Tous les 20 km, on trouve des aires de repos rudimentaires mais suffisantes pour s’attabler et pique-niquer à l’ombre.

Mention spéciale aux toilettes sèches, réduites à un simple bloc de béton sans porte. Elles ont au moins le mérite d’exister — ce qui ne sera plus le cas sur le reste de notre itinéraire.

Sur la route, nous croisons à nouveau de nombreux namibiens à pied. Certains marchent le long de la chaussée, d'autres font du stop devant un panneau interdisant pourtant cette pratique. La prudence est de rigueur : beaucoup semblent peu conscients du danger que représente la circulation sur cet axe rapide. Un peu plus loin, nous apercevons un homme en train de dormir sur un zébra séparant deux voies limitées à 130 km/h. Cette scène nous laisse sans voix !
Au bout de 3 heures de route, nous bifurquons sur la piste M29 au niveau de la ville de Keetmanshoop. 13km plus loin, nous arrivons au Quivertree Forest Rest Camp, une sorte de ferme avec plusieurs hangars faisant également hôtel et camping, mais qui possède surtout la plus grande forêt naturelle de quivertree de Namibie ! À la réception, nous sommes accueillis par la propriétaire des lieux, une allemande, à qui nous réglons les 240 NAD (12 €) nécessaires pour découvrir ce site remarquable.
Nous reprenons la voiture pour aller nous garer quelques centaines de mètres plus loin, là où se situe le terrain de camping et le départ du sentier. Jouxtant le parking, nous découvrons nos premiers arbres à la silhouette si caractéristique ! Nous démarrons la balade à 14h00 avec une température agréable de 27°C.


Les quivertrees ou arbres à carquois, sont une espèce d'aloès arborescents endémiques de la Namibie et d'Afrique du Sud. Pouvant atteindre jusqu'à 8 mètres de hauteur, ils ont besoin d'un climat aride très spécifique pour s'épanouir, associé à un sol rocheux — un environnement que l’on ne retrouve que dans cette région d’Afrique australe.


Cette forêt de quivertrees s'est établie sur une colline constituée de rochers basaltiques témoignant de l'ancienne activité volcanique de la région. Les lézards et criquets à armure semblent apprécier les lieux. Mieux vaut regarder où l’on met les pieds car ils ne sont pas particulièrement farouches !


Cette forêt de quivertrees est la plus importante avec plus de 250 spécimens dont certains sont âgés de 200 à 300 ans. Elle est aujourd'hui protégée car l'espèce est grandement menacée. En moins d'un siècle, la population d’arbres à carquois a chuté de moitié, principalement à cause de l’expansion des zones de pâturage et des sécheresses répétées liées au dérèglement climatique.

Leur écorce présente une texture unique semblable à des écailles.

Lorsqu'ils sont encore jeunes, les quivertrees s'apparentent à des aloès haut perchés.




Au milieu de cette forêt clairsemée vivent de petits mammifères agiles sautant de rocher en rocher. Il s'agit de damans des rochers appelés dassie en Afrikans. Visuellement, on oscille entre la marmotte et le cochon d'Inde. En prenant le temps de les observer, on se rend compte qu'une petite colonie s'est établie ici. Pour les débusquer, il suffit de suivre les rochers tachés de blanc !



Malgré le vent qui souffle toujours fort, nous nous éclatons dans ce lieu très photogénique ! Nous restons un moment à discuter avec un couple de suisses venu en Namibie pour la seconde fois. Ce sont les seules personnes que nous croiserons sur ce site peu fréquenté.


Une colonie de républicains sociaux a fait son nid au beau milieu de ce spécimen !

Après 45 minutes de balade, nous revenons au parking enchantés par cette découverte !
Lorsque nous avons réglé l'entrée pour la visite de Quivertree Forest, l'accès au site dénommé Giant’s Playground, situé à seulement 5 km, était inclus. Une fois sur place, nous faisons face à un terrain clos qui n'est pas des plus engageants... Nous imaginions découvrir d’imposants empilements rocheux, semblables à ceux que nous avions admirés dans le parc national de Joshua Tree, en Californie. Au final, nous faisons face à une étendue assez plate où quelques rochers de taille modeste semblent empilés de façon assez ordinaire.
Nous profitons d'être stationnés pour improviser une pause pique-nique.

Il est temps de nous remettre en route car nous avons encore 170 km pour rejoindre notre hébergement de ce soir situé à plus de 2h. Peu après la ville de Keetmanshoop, nous bifurquons sur la route B4 et 35 km plus loin, nous quittons l'asphalte pour prendre la piste C12. Cette dernière portion est un vrai plaisir : large, bien entretenue, sans le moindre nid-de-poule… et pour couronner le tout, nous avons la route rien que pour nous !

Les lignes droites s'enchaînent jusqu'à ce que nous arrivions en contrebas d'un barrage. La piste traverse un gué aménagé, bordé de végétation, qui tranche radicalement avec l'aridité du sud namibien.
Après une heure de route sans croiser âme qui vive, à travers de vastes paysages arides et monotones, nous atteignons enfin les abords du majestueux canyon de la Fish River. Le relief se fait plus prononcé et le soleil de fin d'après-midi embrase les falaises.
On pourrait presque vendre à Ford ce cliché digne d’un spot publicitaire pour la promotion du Ranger ^^

Il est 17h15 lorsque nous arrivons au Gondwana Canyon Village. Cet établissement, niché au creux d'une petite vallée entourée de montagnes, est situé à seulement 10 km de l'entrée du parc national du Fish River Canyon.
Nous sommes chaleureusement accueillis par le personnel qui nous conduit ensuite à notre chalet.

La décoration est de bon goût avec des tons colorés et le toit de chaume au-dessus de la salle de bain. Les larges fenêtres permettent d'avoir une belle vue dégagée sur le désert. Fidèles à la tradition germanique, les lits jumeaux sont une fois de plus au rendez-vous !


Après cette longue journée de route où nous avons parcouru près de 500 km, nous nous rendons assez tôt dans les parties communes pour profiter du cadre et appeler nos proches.

Direction ensuite le restaurant à l’atmosphère chaleureuse, avec son feu de cheminée crépitant qui invite à la détente après une journée bien remplie. Proposé sous la forme d'un buffet, le choix est large et appétissant. Fidèles à notre curiosité — et par respect pour le travail du chef — nous goutons à tout. Un sans-faute de l'entrée au dessert !


Après ce délicieux repas, nous regagnons notre chalet à 21h00 pour une nuit bien méritée.

Gondwana Canyon Village
Appartenant à la chaîne d'hôtellerie Gondwana, ce bel établissement est idéalement situé à seulement 10 km du parc national du Fish River Canyon. Les 42 chalets sont installés au cœur d'un somptueux paysage de montagnes désertiques et de blocs granitiques. Notre chambre, d'un bon confort, dispose d'une salle de bain avec douche et tout le nécessaire pour préparer des boissons chaudes. La décoration colorée et le toit de chaume typiquement africain créent une atmosphère accueillante. Les parties communes sont dans le même esprit, avec une grande bâtisse en pierre coiffée d’un toit de chaume, où l’ambiance cosy est renforcée par la présence de cheminées disséminées un peu partout. Le restaurant — non inclus dans la nuitée — a été une excellente surprise, autant sur la diversité que la qualité des plats. Enfin, pour les plus courageux, une belle piscine non chauffée vous attend !
Réservation ici : Gondwana Canyon Village
Distance parcourue : 492 km dont 197 km sur piste



